Exorde
La Commission pour des libertés individuelles et l’égalité – COLIBE – a été créée , selon les sources officielles, à l’initiative du Président de la République Tunisienne en date du 13 août1 2017 afin d’élaborer un rapport sur les réformes liées aux libertés individuelles et à l’égalité, par référence aux dispositions de la Constitution de la République Tunisienne du 27 janvier 2014, aux normes internationales des droits de l’homme et aux nouvelles orientations dans le domaine des libertés et de l’égalité. Elle est composée de neuf membres 2 . Le rapport de la Commission remis à la Présidence de la République en date du 8 juin 2018 ne présente pas ses membres ni ne décrit les modalités de leur désignation ou les thèmes et sections du rapport dans lesquels ils sont plus particulièrement intervenus. Pour la plupart, les membres de la Commission sont des personnalités connues dans leurs domaines de spécialités avant qu’ils ne deviennent membres de la Commission ; une riche documentation les concernant est disponible : ouvrages, interviews, participations aux manifestations publiques, cursus académiques « wikipédiens » ou « linkiediniens », critiques, réalisations dans leurs domaines de spécialité et d’intérêt. Il ne sera pas question ici de reproduire ces informations mais de tenter de reconstituer le profil des membres de la commission dans la perspective d’une meilleure compréhension des propositions de la Commission en matière d’égalité dans l’héritage et, accessoirement, des libertés individuelles.
Ce article fait partie d’une série d’articles classés par ordre alphabétique comme suit 3 :
- Mme Bochra Bel Haj Hmida, également présidente de la commission, en cours
- Mme Dora Bouchoucha (7 juilet 2019)
- M. Karim Bouzouita (8 juillet 2019)
- M. Abdelmajid Charfi, (14 juillet 2019) auquel est consacré le présent article
- Mme Ikbal Gharbi (11 juillet 2019)
- M. Malek Ghazouani, en cours
- Mme Saloua Hamrouni, en cours
- M. Slaheddine Jourchi, en cours
- M. Slim Laghmani, (26 juillet 2019)
Résumé
On ne pourrait comprendre la contribution du membre de la COLIBE, voire celui de tous les membres, si on ne commençait pas par rappeler d’emblée que le Pr Abdelmajid Charfi prône au sein des « nouveaux penseurs de l’Islam » inventoriés par Rachid. Benzine4, une approche critique de la tradition islamique et des interprétations islamiques sous le filtre des sciences humaines…
L’homme
Enseignant de civilisation arabe et de pensée islamique, de 1969 à 2002, année où on lui fera valoir à 60 ans, ses droits à la retraite.
En 1977, le Pr Abdelmajid Charfi et d’autres universitaires et penseurs chrétiens et musulmans cofondent le Groupe de recherches islamo-chrétien, GRIC, afin de mener des recherches théologiques et philosophiques pour servir la compréhension mutuelle et le dialogue et sortir de points de vue extrêmes tantôt excessivement apologétiques voire polémiques, tantôt réducteurs, exprimés lors des rencontres sur la religion de l’autre5.
Malthusianiste ?6 conservateur certainement, Abdelmajid Charfi considère que le maintien de la structure patriarcale de la famille est l’une des causes du retard préjudiciable qu’accusent les musulmans en raison des progrès de la médecine dans le contexte d’« une démographie galopante qui, non seulement absorbe les fruits de la maigre croissance au lieu d’élever de façon tangible les niveaux de vie, mais génère au sein de la famille et de la société une crise de valeurs réelles, exacerbée encore par la crise de valeurs universelles […] » :
Convaincu des valeurs auxquelles il adhère, en écho à sa lettre ouverte du 29 juin 2009 qu’il adressera au Président B. Obama suite à son discours à l’Université du Caire7, le Pr Abdelmajid Charfi sera le seul de tous les membres de la Commission COLIBE relative aux libertés individuelles en Tunisie8, à signer et rejoindre l’appel international au boycott académique et culturel d’Israël — PACBI — en signe de « solidarité pleine et entière avec le peuple frère palestinien dans sa lutte pour la défense de ses droits légitimes et inaliénables, contre l’occupation, la colonisation et l’apartheid israéliens » émis à la fin de l’année 2017 et à l’occasion du 7e anniversaire de la Révolution tunisienne par plus de 137 universitaires et intellectuels tunisiens9.
Quelques étapes remarquables
Le Pr Abdelmajid Charfi, enseignant universitaire, sera chargé parallèlement d’autres responsabilités, comme doyen de la Faculté de lettres et sciences humaines de Tunis (1983-1986)10 et dans différentes instances tunisiennes : Ministère de l’Enseignement supérieur en tant que chargé de mission (1988-1989), Comité national d’évaluation (1993-1996), Conseil économique et social en tant que personne qualifiée dans les domaines économique, social, technique, éducatif, culturel et juridique (1993-1997). Le Pr Abdelmajid Charfi a été titulaire de la Chaire UNESCO d’étude comparative des religions (1999-2002)11.
L’année 2011, l’année de la « révolution » et de la fuite du dictateur, marque le retour de l’intellectuel sur la place publique ; il fera partie, en tant que « personnalité nationale », de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique, HISROR12, l’instance qui a accaparé, dans des circonstances floues, le pouvoir législatif au cours des mois suivants la Révolution de janvier 2011.
En 2016, par décret de la présidence du Gouvernement13, Abdelmajid Charfi est nommé Président de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beit al-Hikma, pour une période de cinq ans avec rang de secrétaire d’État après avoir été membre jusqu’alors du Conseil scientifique de l’Académie sous la présidence du docteur Hichem Djaït14, qui échouera à se faire réélire à l’occasion15.
Ben Ali, l’ijtihâd et les « intellectuels organiques »
Le Pr Abdelmajid Charfi sera un important contributeur et défenseur du renouveau de l’ijtihâd promu par le dictateur Ben Ali dès sa prise de pouvoir en 1987. Le dictateur a incité à cet ijtihâd renouvelé pour contrer la montée du mouvement islamiste. Comme d’autres intellectuels, le Pr Abdelmajid Charfi bénéficiera des encouragements et de la mansuétude du dictateur qui lui permettra de diffuser en Tunisie et à l’étranger en toute liberté ses ouvrages et d’exposer ses idées dans les enceintes universitaires et privées en Tunisie. Il fera aussi partie, pour reprendre l’expression de Gramsci, des « intellectuels organiques », loin cependant de jouer le rôle de « chambellan du sultan » . L’entente sera rompue dès que l’universitaire fera part de sa réticence et refusera publiquement de soutenir une nouvelle réélection du dictateur. Depuis, au moins en public, le scénario s’inverse et l’intellectuel, en dépit des idées qu’il a soutenues et partagées pour et avec le dictateur sur l’islam et l’islamisme, sera éloigné pour ses opinions politiques.
Ainsi, au vu de ses états de service sous la dictature, des positions qu’il affichera au lendemain de la révolution et de sa participation aux travaux de l’HISROR, des observateurs ou plutôt des opposants politiques puisqu’il affichera rapidement sa phobie du parti islamique d’en-Nahdha, lui reprocheront à l’occasion de sa désignation en tant membre de la COLIBE au mois d’août 2017, non sans dérision, de vouloir se « baigner deux fois dans le même fleuve tout en sachant que cela n’est pas possible et sans qu’il n’en soit incommodé outre mesure ». Le jugement est excessif, partiel et partial.
La pensée de l’islam du pr Abdelmajid Charfi
Le Pr Abdelmajid Charfi considère que le Coran, figé, a fait son temps, et que pour ce qu’il comporte de contenu non falsifié ou modifié, il fallait désormais l’accompagner d’autres interprétations, celles de la modernité d’aujourd’hui, voire celles de la postmodernité.
Islamologue, critique de l’islam, qualifié de « moderniste » et « libéral », Abdelmajid Charfi prône avec Mohamed Arkoun en Algérie, Ibrahim Moussa en Malaisie, l’Abu Zayd en Égypte et d’autres intellectuels, une rupture totale avec l’identité arabo-musulmane, rupture qui serait seule à même d’apporter une réponse créative à la modernité. Ainsi, il s’oppose, bien sûr, à la pensée classique des « néo-traditionalistes »17 qui se présentent en défenseurs rigides de l’islam orthodoxe, mais, il s’oppose aussi à la pensée des intellectuels musulmans du mouvement du renouveau, « al-Nahdha » 18 19 , auquel il reproche de vouloir prôner un renouvellement de la pensée islamique compatible avec l’expansion et la modernité musulmane tout en cherchant à rester attaché à la continuité de la tradition islamique et à l’herméneutique des penseurs anciens.
Dans une démarche bancale, subreptice, Abdelmajid Charfi affirme dans un message à peine voilé par des interro-positives suggestives, que le message du « Coran » tant oral qu’écrit n’est pas, ou n’est plus, « purement divin », car il n’est pas exempt d’une perversion et d’une double corruption, voire davantage, au niveau de sa chaîne de transmission 20 :
La première est liée à l’intervention de son transmetteur même, le Prophète, un humain comme tous les autres dont « la personnalité, sa culture et ses conditions de vie individuelle et communautaire ne pouvaient ne pas intervenir dans l’élaboration du texte sacré » 21 et ce, sans qu’il ne soit nécessaire de « chercher les informateurs chrétiens et juifs de Mohamed [car] les éléments dont disposait le Prophète de l’islam lui permettait d’avoir un discours sur l’unicité divine […], sur l’Unique … » 22 or « ces éléments sont des éléments humains dans les écritures sacrées des juifs, des chrétiens et des musulmans » 23 24
La seconde porte sur la transformation d’un message oral à un message écrit 20 ans après la révélation, ne serait-ce que par la « perte mémorielle », mais aussi au titre des « infléchissements et perversions graves » liées à la « quête de justification et de légitimation des rapports sociaux en usage, et des institutions de l’empire musulman au temps de sa naissance et, plus encore, au temps de son extension et de sa consolidation » qui n’ont permis de retenir du discours oral que celui qui convenait à leur propre environnement historique et le justifiait25.
En peu de mots, sans euphémisme ou besoin de ménager sa réflexion ou de l’édulcorer pour éviter de heurter ou simplement pour se préserver, le Pr Abdelmajid Charfi considère que le Coran « actuel », le livre de référence des musulmans, est apocryphe, ou au mieux, n’est pas exempt d’erreurs, n’est pas divin et, bien plus qu’il était adapté à l’époque de la révélation, et a été, bien au-delà, volontairement accommodé à la période de l’extension et consolidation de l’islam auxquelles il a servi de justification et légitimation et partant, selon le Pr Abdelmajid Charfi, une relecture, une réinterprétation moderne du Coran doivent être engagées en tenant compte de la corruption dont il a fait l’objet. Un effort de déconstruction — à trois niveaux — de tout le cheminement qui mène de sa révélation divine — éventuellement « influencée » par son messager, le Prophète — 1er niveau – , à sa communication par ce dernier – 2e niveau — puis à sa transcription écrite — troisième niveau sera nécessaire à cet effet. Il prendra du temps.
Un discours ambivalent, en fait, qui insiste également sur la nécessité de déconstruire la pensée islamique, car ceux qui ont bâti l’édifice, les « oulémas de l’islam classique » ne sont pas ceux qui aujourd’hui sont épris des valeurs de la modernité et du respect des droits humains universels et inaliénables — sous-entendu, ils ne pouvaient les connaître —, car autrement comment auraient-ils pu « occulter la dimension humaine, personnelle, et intellectuelle de la femme » ? Comment ont-ils pu restreindre et réglementer « les relations sexuelles en les organisant au sein de la famille » et en « plaçant les femmes dans tous les cas au bas de l’échelle sociale, juste avant les esclaves, avec des droits et des devoirs moindres que ceux des hommes libres. »26 et pourtant, poursuit-il, même si le Coran a institutionnalisé les relations familiales, la science et l’anthropologie27, aujourd’hui le relativise, décèle l’imposture et révèle la vérité et non la Vérité, pas celle d’Allah ni du Coran :
En appelant à la déconstruction du message coranique d’une part et de la pensée islamique d’autre part, le discours est cohérent avec les propositions qui émaneront ultérieurement de la Commission qui probablement a trouvé en Abdelmajid Charfi son idéologue, celui qui ainsi aura donné sa « bénédiction » et couvert les éventuels « écarts » au sacré, car, de sacré pur il n’en est ni n’en a jamais été, selon lui, le divin n’est qu’humain lorsqu’il n’a pas été déformé tant par le messager, le Prophète Mohamed, que par ceux qui en interprétant le texte sacré l’ont corrompu, modifié, adapté, voire falsifié.
Devise
Pas de citation favorite ou de devise connue
Distinction nationale
Deuxième classe de l’Ordre tunisien du Mérite de l’éducation (1993)
L’année 1993 semble marquer le climax de l’universitaire sous l’ère du dictateur Ben Ali avec quatre distinctions simultanées ; pêle-mêle, la décoration au titre de l’Ordre du Mérite de l’éducation, la nomination au Comité national d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la désignation au Conseil Économique et Social et son accession au Conseil de l’Institut de Recherche du Maghreb Arabe Contemporain (IRMC). La performance est d’autant plus remarquable que les ouvrages phares du chercheur n’était pas encore publiés cette année-là et notamment la première édition de « Al-islâm bayn ar-risâla wa-t-târîkh » (L’islam entre le message et l’histoire ) publié en arabe à Beyrouth en 2001 et dont une édition en français a été publiée en 200428.
Commandeur de l’Ordre de la République tunisienne en 2018 suite à sa participation aux travaux de la Commission COLIBE 29.
Droit des successions
Le Professeur Abdelmajid Charfi est considéré par certains observateurs comme celui, qui de tous les membres de la COLIBE dispose des plus de connaissances en matière de droit des successions30. Paradoxalement, cela ne transparaît pas dans ses interventions et écrits qui restent souvent d’un niveau commun en ce sens qu’il prône l’égalité hommes-femme à titre général, par principe, davantage qu’il ne décrit le processus de « déconstruction » de la pensée des fouqahâs en matière de partage des successions comme il a prôné cette déconstruction pour le Coran lui-même et la pensée islamique et s’y essayé sur certains aspects.
Il reste que de tous les membres examinés à ce jour, il est celui qui, en tout cas, a le plus évoqué la question. Un article séparé est consacré à son opinion, son mode de réflexion sur le sujet et la dialectique qu’il va tenter de manier entre sa position de nouveau penseur de l’islam et son application pratique au thème particulier des partages des successions en Tunisie.
Expression politique
Le Professeur Abdelmajid Charfi est proche de l’alliance « Nida Tounes », l’appel de la Tunisie, constituée par le Président de la République qui a porté sa candidature aux élections présidentielles en tant qu’opposant déclaré et affiché au mouvement Islamiste En-Nahdha avant qu’il ne s’y associe dès la publication des résultats des élections législatives et partage avec lui le gouvernment du pays.
À Hamadi Jebali, chef du gouvernement et secrétaire général du parti Ennahdha à l’époque, qui pour dénoncer le « silence complice » et l’« inertie » de l’élite du temps du dictateur Ben Ali déclarait au mois de novembre 2013 « Notre malheur est dû à notre élite », Abdelmajid Charfi répliquera :
« En-Nahdha ne compte ni élite intellectuelle, ni penseur digne de ce nom et encore moins de personnalité faisant autorité dans quelque domaine que ce soit ».
Novembre 2013 – Abdelmajid Charfi à Hamadi Jebali
Source: la presse locale
Entre l’élite et les islamistes au pouvoir, la rupture n’a jamais été aussi profonde, elle se poursuivra à ce jour. Cette citation dénote que Abdelmajid Charfi se reconnaît bien dans l’élite intellectuelle tunisienne qu’il honore ainsi, mais confirme en même temps le « silence » que dénonce le responsable islamiste. Pouvait-il en être autrement ? Pour un grand nombre d’intellectuels, du moins, et notamment ceux qui ont accompagné la quête de l’« ijtihâd éclairé » promu par le dictateur déchu notamment quand celui-ci a raidi la démocratie tunisienne au sortir du printemps du Changement du 7 novembre et la mise à l’index de l’islamisme politique, un temps ménagé.
A distinguer
Dans une tribune publiée au mois de mai 2009 par le magazine tunisien Réalités sous la plume de Zyed Krichen, une liste de vingt-trois intellectuels tunisiens accusés d’ « hérésie » a circulé sur les réseaux sociaux et dans quelques journaux arabes avec un appel explicite à leur liquidation physique. La particularité de cette liste est de ne comporter que des disciples du Pr Abdelmajid Charfi, et lui-même bien sûr, en raison de leurs opinions au sujet de l’islam et de la pensée islamique. L’article saisit l’opportunité pour signaler qu’en Tunisie non plus, sous la dictature de Ben Ali ces intellectuels et plusieurs autres, dont Slim Laghmani un autre membres de la COLIBE, ne sont pas non plus bien vus31
Le Professeur Mohamed Talbi, pionnier du renouveau de la pensée islamique en Tunisie, après avoir soutenu et « accompagné » son élève, le « reniera intellectuellement » et brutalement, le qualifiant de « chef de file d’une école tunisienne de désislamisation » qui viserait, in fine, la désacralisation du Coran dès qu’il ne serait, selon cette école de pensée, qu’une simple « œuvre humaine » inscrite dans l’époque du Prophète32 33. Pour mener la logique du Pr Abdelmajid Charfi à son terme et, une fois achevés la déconstruction et le désassemblage des écritures et de la pensée islamique, la religion pourra être vécue sans besoin d’un Coran falsifié ou non et sans besoin de croire à l’existence d’un Dieu, celui-ci ayant achevé sa mission et remis à chacun les clefs de son âme, l’éthique.
Avec une telle démarche et une telle conviction, il n’est nul besoin de revenir au Coran pour justifier le partage mathématiquement égalitaire des successions, ni d’essayer de comprendre comment interpréter les dispositions coraniques relatives au droit des successions pour y arriver : le Coran tel qu’il se matérialise dans la vulgate de Othman, est un faux et il n’est nul besoin de traiter avec du faux il n’est nécessaire que de s’inspirer de ce que le message signifiait et, in fine, d’adapter ce que la modernité a imposé à savoir l’égalité.
C’est bien la démarche, quoique non explicitement formulée, qui a été adoptée dans le rapport de la COLIBE au sujet de l’égalité successorale. Le rapport n’aborde les questions liés aux écritures sacrées que de façon marginale, en passant, comme pour rappeler quelles n’ont pas été complètement ignorées.
Mais puisqu’on a commencé par exposer la position du Pr Mohamed Talbi et son antagonisme profond aux analyses du Pr Abdelmajid Charfi, il faut bien finir avec lui cette présentation succincte. En dépit, des oppositions sur le fonds, les deux chercheurs partagent la même opinion au sujet du principe de l’égalité dans l’héritage. Pour le Pr Mohamed Talbi, sans trop entrer dans les détails surtout techniques, une simple « lecture orientée » du texte sacré devrait permettre aux hommes et aux femmes de disposer de parts égales dans l’héritage comme il le déclarera en réponse à une question sur la possibilité de modifier la loi coranique concernant l’héritage34 :
Bien sûr. Il faut l’actualiser. C’est dans l’esprit du Coran que de corriger ce qui est perfectible. Il nous dit sans cesse d’aller plus loin. La société doit légiférer pour plus de justice en matière de droits de l’homme et de la femme. La loi doit être constamment adaptée à chaque lieu et à chaque époque. Ce qui est bon aujourd’hui ne le sera pas forcément demain.
Quant au Pr Abdelmajid Charfi, le débat n’est pas clos, car, la déconstruction n’est pas achevée et prendra du temps, alors, en attendant il tentera à plusieurs reprises d’établir la nécessité de déconnecter les modalités de partage des successions des prescriptions du Coran en montrant les « limites du Coran » en matière de partage des successions. Un article y est consacré.
Toutes les précautions ont été prises pour éviter les erreurs factuelles. Malgré les vérifications apportées et la communication des références des sources des informations exploitées, celles-ci peuvent subsister. et ne peuvent donc être exclues. Nous invitons toute personne intéressée à compléter l’article dès sa publication et sa mise en ligne sur le site. Des commentaires pourront également être apportés bien entendu.
L’article a été complété le 19 juillet 2019
Copyright protected by Digiprove © 2019- Le 13 août est un jour férié en Tunisie depuis l’année 1966 quand à la fête de la « Achoura » commémorée jusqu’alors le 10ème jour de moharrem (calendrier hégirien) a été substituée en vertu du Décret n°1965-0410 du 30 août 1965, la commémoration de la publication du code du statut personnel promulgué neuf ans plus tôt. La Achoura est une importante fête religieuse commémorée par les juifs, les musulmans chiites et les musulmans sunnites quoiqu’avec des significations différentes. Voir Glossaire
- En dépit du choix du 13 août, fête de la femme en Tunisie, pour l’annonce de la création de la commission COLIBE, sa création et la désignation de ses membres, les objectifs assignés et annoncés couvraient, a priori, un champ bien plus vaste que celui de la femme.
- La date indiquée en face du nom du membre est celle de la mise en ligne sur le site. Elle est différente de la date à laquelle est classé l’article sur le site et qui correspondant à la date de la création de la Commission Colibe soit le 13 août 2017.
- Rachid Benzine, Les nouveaux penseurs de l’islam, L’islam des lumières (Paris : Albin Michel, 2004).
- « Le mot des présidents », consulté le 13 juillet 2019, https://gric-international.org/le-mot-des-presidents/.
- Pour Thomas Robert Malthus, économiste britannique et prêtre anglican de la fin du XIIXème siècle, seule la procréation des familles peu sûres de pouvoir nourrir leurs enfants devait être restreinte, et ceci par une chasteté volontaire, car autrement, la population tendrait à croître plus rapidement que ses ressources. Dans le chapitre qu’il consacre aux « pauvres », T.R. Malthus, considère qu’ils « sont une charge très lourde qui prive les meilleurs éléments de la société de richesses, qui, en droit, doivent leur revenir. »
- Dans cette lettre, le Pr Abdelmajid Charfi met en exergue les points de désaccord avec les propos du Président B. Obama et ses incohérences. « Lettre ouverte au président Obama – JeuneAfrique.com », consulté le 13 juillet 2019, https://www.jeuneafrique.com/202617/politique/lettre-ouverte-au-pr-sident-obama/.
- Youssef Seddik, un autre illustre islamologue tunisien a aussi signé l’appel celui-ci, toutefois, ne figure pas parmi les membres de la COLIBE.
- La liste complète des signataires de l’appel est disponible sur le site de la TACBI, la branche tunisienne de la Campagne internationale pour le boycott académique et culturel d’Israël : http://tacbi.org/appel-tacbi
- Le Pr Abdelmajid Charfi a occupé la fonction de doyen de la faculté du 3 août 1983 au 30 août 1986. La fin de sa mission n’a aucun lien avec l’arrivée au pouvoir de Ben Ali le 7 novembre 1987.
- Le programme des chaires UNESCO a été créé en 1992. Le programme a été conçu comme un moyen de faire progresser la recherche, la formation et le développement de programmes dans l’enseignement supérieur en établissant des réseaux universitaires et en encourageant la coopération interuniversitaire par le transfert de connaissances transfrontalières.
- Aussi connue en tant qu’instance Ben Achour qui tiendra lieu d’organe législatif national après la dissolution de l’Assemblée nationale
- Décret n° 2016-622 du 22 février 2016 paru au Journal officiel de la République tunisienne n° 18 du 1er mars 2011
- Hichem Djaït est un historien, islamologue et intellectuel engagé. Il est l’auteur d’un ouvrage, en deux tomes, sur le Prophète Mohamed qu’il aborde en tant qu’homme, car, il ne le considère pas en tant que Prophète. Selon, Mohamed Talbi dans une interview publiée le 2 janvier 2006 par Jeune Afrique, Hichem Djaït, née dans une famille d’oulémas, aurait aussi reconnu qu’il n’est pas musulman et qu’il préfère « penser la religion sans Dieu ». « La charia ou l’islam, il faut choisir – JeuneAfrique.com », consulté le 13 juillet 2019, https://www.jeuneafrique.com/68602/archives-thematique/la-charia-ou-l-islam-il-faut-choisir/.
- Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, recevra le docteur Hichem Djaït, ancien président de Beit El Hikma, ainsi que son successeur, le professeur Abdelmajid Charfi lors de deux entrevues séparées successives le 29 décembre 2015. « Béji Caïd Essebsi reçoit Hichem Djaït et Abdelmajid Charfi », consulté le 13 juillet 2019, https://www.businessnews.com.tn/beji-caid-essebsi-recoit-hiem-djait-et-abdelmajid-charfi,520,61341,3.
- A la date de la mise en ligne de l’article, nous n’avons pas confirmation de la restauration du fronton suite au tollé soulevé après la destruction. L’information sera mise à jour en cas de confirmation de la reconstruction du fronton détruit. Celui-ci est situé juste en dessous du drapeau.
- R.N. Bellah, Religion and Progress in Modern Asia ; Ed. by R.N. Bellah (Free Press, 1965), https://books.google.fr/books?id=KAuXtgAACAAJ.
- Le mouvement du renouveau, al-nahdha, a été initié à la fin du XIXe siècle par Jamal Aj-Afghani.
- Tariq Ramadan, Aux sources du renouveau musulman : d’al-Afghānī à Ḥassan al-Bannā un siècle de réformisme islamique, Religions en dialogue (Paris : Bayard Editions/Centurion, 1998).
- « L’islam aujourd’hui face à la modernité, par Abdelmajid Charfi », consulté le 14 juin 2019, https://www.lemonde.fr/savoirs-et-connaissances/article/2007/10/11/l-islam-aujourd-hui-face-a-la-modernite-par-abdelmajid-charfi_965794_3328.html.
- « L’islam aujourd’hui face à la modernité, par Abdelmajid Charfi ».
- « Conférence “Pour un islam ouvert en Europe” du Pr. Abdelmajid Charfi – Decere », consulté le 14 juin 2019, http://www.decere.eu/conference-pour-un-islam-ouvert-en-europe-du-pr-abdelmajid-charfi/.
- « Conférence “Pour un islam ouvert en Europe” du Pr. Abdelmajid Charfi – Decere »
- C’est nous qui soulignons
- Université de tous les savoirs —UTLS, Penser l’islam aujourd’hui —Abdelmajid Charfi —Université de tous les savoirs —Vidéo —Canal-U, Islams d’aujourd’hui (Paris : Université de tous les savoirs, 2007), https://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/penser_l_islam_aujourd_hui_abdelmajid_charfi.3005.
- « L’islam aujourd’hui face à la modernité, par Abdelmajid Charfi ».
- La Commission COLIBE comportera deux anthropologues parmi ses neuf membres.
- ʿAbd-al-Maǧīd aš-Šarafī et André Ferré, L’Islam: entre le message et l’histoire, Spiritualités (Paris: Michel, 2004)
- Décret n° 2018-0081 du 13 août 2018 paru au JORT n° 67-68 des 21 et 24 août 2018.
- « قراءة فاحصة في مقترحات تقنين المساواة في الميراث في تونس – رؤيا للبحوث والدراسات », consulté le 19 juin 2019, http://ruyaa.cc/Page/8755/#_edn2.
- « Menaces sur des intellectuels tunisiens – Islamiqua | L’islam et son image », 1 juin 2009, http://islamiqua.canalblog.com/archives/2009/06/01/13931852.html.
- Mohamed Talbi lancera une condamnation sans appel à son élève dans un livre inquisitoire « lî yâtmaîna qalbi » l’accusant de mettre en doute la véracité du Coran et d’historiciser le processus de compilation du Coran. L’ouvrage a été traduit en français : Mohamed Talbi et Mohamed Salah Barbouche, Afin que mon cœur se rassure (Tunis : Editions Nirvana, 2010).
- Abdelmajid Charfi rendra un hommage honorable à « Mohamed Talbi, mon maître et mon ami » décédé le 1er mai 2017. « New African – le Magazine de l’Afrique », consulté le 1er juillet 2019, https://magazinedelafrique.com/societe/hommage-mohamed-talbi-maitre-ami/3/.
- Jeune Afrique Fawzia Zouari, « Ma religion c’est la liberté. Entretien avec Mohamed Talbi », Billet, Iqbal إقبال, consulté le 1 juillet 2019, https://iqbal.hypotheses.org/2508.
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